Masta Gavage

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mercredi 29 mai 2013

Rio de Janeiro : Santa Teresa

Le quartier de Santa Teresa, ou j'ai habité pendant ces quelques jours, se situe sur la butte du même nom, qui domine les quartiers de Glória, Catete et Lapa. On peut entre autres y accéder par l'Escadaria Selarón. Pendant de nombreuses années, il a été intégralement décoré par Jorge Selarón, un artiste local, que l'on pouvait voir travailler la journée sur le côté. Il a été retrouvé mort en janvier 2013. Pour des raisons encore obscures ; un règlement de compte d'après les locaux.



"É minha homenagem ao povo brasileiro" : l'artiste décrivait ainsi son oeuvre.




Le quartier de Santa Teresa frappe par son caractère très local, familial, communautaire. De nombreuses rues, mais qui partent la plupart d'un axe principal, celui de l'ancien Bonde (tramway). La population converge inévitablement. Tout le monde se connaît ; tout se sait.





Le quartier s'est surtout développé avec l'essor de Rio au XVIIIe siècle (grâce à celui des mines du Minas Gerais). Ce fut longtemps un quartier réservé aux classes aisées, et qui au milieu du XIXe servit de refuge pour les populations fuyant l'épidémie de fièvre jaune. Il fut déserté au XXe siècle par les classes bourgeoises, au profit de Copacabana et d'Ipanema, en plein essor, en raison du développement des favelas sur la butte (à croire que les riches fuient les pauvres...). Y sont restés artistes et intellectuels. Aujourd'hui, notamment en raison de la pacification de certaines favelas de Rio, il est en plein embourgeoisement, ce qui créé de nombreuses tensions avec la population locale, très organisée, qui s'oppose à certains projets.
L'Associacão de Moradores e Amigos de Santa Teresa (AMAST) est particulièrement active.








Le Largo dos Guimarães




Le Largo de Curvelo


La revendication majeure des habitants est le retour du Bonde. Créé en 1872, il était l'un des plus vieux du monde. Il reliait le haut de Santa Teresa au centre-ville, via le vieil Aqueduto da Carioca, qui traverse Lapa.Il était longtemps resté le dernier tramway de Rio encore en activité.  En aoút 2011, un accident a tué 6 personnes et fait 54 blessés, et provoqué l'arrêt de la ligne. Depuis, l'AMAST réclame à la municipalité le retour du "bondinho". Au-delà de l'aspect symbolique, un trajet coûtait R$ 0,60 pour une place assise, et était gratuit debout. Les gens l'attrapaient au passage, et s'accrochaient à des barrières extérieures. Or pour tous les autres bus de la ville, un trajet revient à R$ 2,95, et il n'y a pas de système d'abonnement. Pour le métro c'est encore un peu plus cher. La municipalité a promis le retour du Bonde en 2014, mais avec exclusivement des places assises, au même prix que le reste du réseau, et une ligne prolongée jusqu'au Cristo Redentor, bien au-dessus du quartier, ce que rejettent catégoriquement les locaux. L'opposition est frontale en ce moment. Selon les habitants du quartier, le municipalité aurait volontairement cessé, depuis plusieurs années, d'entretenir convenablement les infrastructures du Bonde, attendant l'occasion de stopper et de remplacer la seule ligne de tramway qui avait subsisté grãce au poids des associations locales.


Une peinture le long de l'axe principal, Le chauffeur représenté est celui qui est mort dans l'accident.

Très belle vue sur Rio depuis le Parque das Ruinas.

Glória, Catete, Flamengo puis derrière le Pão de Açucar




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